Promesses de naturel, emballages « green » et labels séduisants… On croit acheter les yeux fermés des cosmétiques sains en grande surface. Pourtant, sous le capot brillamment marketé de certaines marques vendues chez Leclerc, des ingrédients controversés continuent d’inquiéter et de semer le doute. Faut-il se méfier des fausses vertus naturelles affichées sur nos crèmes, gels douches et soins quotidiens ? Petite plongée dans l’univers pas si limpide de la beauté « clean » en rayon.
Le boom du naturel en grande surface : entre engouement et méfiance
Depuis quelques années, l’engouement pour les produits de beauté dits « naturels » explose. Les Français cherchent à consommer autrement, à la fois pour leur santé et pour la planète. Désormais, la chasse aux cosmétiques plus responsables n’est plus réservée aux magasins bio ou aux petites boutiques spécialisées. Les grandes surfaces – Leclerc en tête – surfent sur cette vague, proposant des rayons entiers dédiés à la green beauty.
Les consommateurs traquent le moindre label rassurant : bio, vegan, sans parabène. Ils deviennent plus exigeants, scrutent les étiquettes… Mais entre la méfiance de certains et la confiance absolue des autres, le fossé se creuse. Chacun veut croire qu’il fait le bon choix, mais tous n’ont pas les outils pour démasquer les trompe-l’œil marketing.
Pour Leclerc, répondre à cette demande est stratégique. Les marques propres fleurissent, les gammes naturelles s’élargissent, les visuels pastel nous invitent à la confiance. Mais derrière cette façade, le naturel n’est pas toujours aussi pur que l’affirment les slogans.
Promesses vertes, petits caractères : la face cachée de l’étiquette
Décrypter une étiquette cosmétique relève parfois du casse-tête. Les marques jouent la transparence, mais certains ingrédients moins reluisants se glissent encore dans la liste INCI, parfois écrits en tout petit (avec des noms plus adaptés au Scrabble qu’à la salle de bain).
Comment repérer les fameux « indésirables » dans cette forêt de termes techniques ? Les sulfates, silicones, conservateurs controversés et parfums synthétiques n’ont rien à envier aux parabens en termes de réputation douteuse, même dans des soins pourtant qualifiés de naturels.
Les allégations séduisantes (0 % ceci, 0 % cela) mettent le consommateur en confiance. Sauf que « sans parabène » ne signifie pas « sans danger », et l’absence d’une famille chimique peut cacher la présence d’une autre, tout aussi critiquée. Résultat : entre discours marketing et réalité de la formulation, la frontière est parfois plus fine que le trait de crayon du maquilleur.
Plongée dans le viseur : ces produits et leurs ingrédients à problème
Certaines références vedettes de Leclerc font aujourd’hui grincer les dents des consommateurs vigilants. Petite revue de détail de ces produits épinglés pour leur composition pas si irréprochable.
Crème hydratante Bionaïa : pourquoi sa composition fait débat
La crème hydratante visage Bionaïa promet douceur et respect de la peau, avec son packaging très nature et ses promesses « clean ». Mais en lisant les petits caractères, plusieurs substances irritantes et allergènes s’invitent à la fête. Certains conservateurs associés à des réactions cutanées, des traces de parfums synthétiques et même des PEG (dérivés du pétrole) sont parfois présents. Cela fait tiquer les consommateurs, notamment ceux à la peau sensible ou en quête de transparence totale.
Coloration Pascal Coste Vitanove : l’éternel dilemme des colorants
La coloration permanente châtain foncé Vitanove Pascal Coste propose une couvrance parfaite et une promesse de douceur. Pourtant, la liste INCI recèle encore des substances controversées, comme certains colorants et agents de conservation. Les préoccupations ne s’arrêtent pas là : la question des allergènes (comme la PPD) et des perturbateurs endocriniens fait régulièrement polémique. De quoi rappeler qu’un cheveu coloré devrait s’accompagner de vigilance, même quand l’aspect naturel est revendiqué.
Manava Bora Bora et les gels douches : entre exfoliation douce et substances suspectes
Le gel douche gommant Manava Bora Bora met en avant son exotisme et ses grains exfoliants naturels. Mais côté formule, la réalité est moins idyllique : sulfates pour faire mousser, conservateurs pointés du doigt, et parfois des microplastiques dans la liste des ingrédients. Alors même que l’automne s’installe en octobre 2025 et que la peau nécessite de la douceur après l’été, ce type de produits peut fragiliser l’épiderme plus qu’il ne l’embellit.
D’autres références, comme la crème de soin pour les mains Inell, la laque Iroise ou le masque détox Bionaïa à l’extrait de charbon et huile de macadamia, sont également dans la ligne de mire pour la présence de composants synthétiques, irritants ou parfois soupçonnés d’être perturbateurs endocriniens.
Les risques pour votre peau : que disent les experts ?
L’exposition répétée à certains ingrédients, même en faible quantité, peut provoquer des réactions indésirables. Rougissements, démangeaisons, tiraillements, voire véritables allergies peuvent faire leur apparition, surtout sur une peau fragilisée par le froid ou le stress de la rentrée. Les substances mentionnées précédemment sont critiquées pour leurs effets irritants, mais certaines sont aussi soupçonnées d’agir comme perturbateurs endocriniens, ce qui inquiète particulièrement les consommateurs les plus informés.
Face à ces constats, les spécialistes de la peau et de la toxicologie conseillent de ne pas se fier uniquement aux slogans, mais de décrypter les ingrédients, et de privilégier des produits véritablement certifiés, avec une transparence accrue sur la composition. Car si la cosmétique naturelle peut être un atout réel, elle n’est pas une garantie absolue de sécurité. Un joli logo sur une crème ne remplacera jamais un regard critique (ni un test cutané derrière l’oreille, pour les plus prudents !).
Peut-on vraiment consommer responsable en achetant « naturel » chez Leclerc ?
La transparence est la clé, mais la grande distribution a encore du chemin à parcourir pour faire tomber tous les masques. La réglementation européenne encadre les allégations, mais certaines frontières restent floues. Un produit « naturel » peut contenir des additifs chimiques, être parfumé artificiellement ou receler des allergènes, même en dose minime.
Néanmoins, les solutions existent pour consommer plus informé : s’aider d’applications mobiles pour scanner les compositions, rechercher des labels fiables (Cosmos Organic, Ecocert…), solliciter les listes INCI dès qu’un doute persiste. Le consommateur vigilant n’a jamais eu autant d’outils pour exercer son propre contrôle, quitte à devoir déchiffrer en rayon lors de ses courses du samedi.
Vers une prise de conscience collective : bouger les lignes de l’industrie
L’exigence des consommateurs pousse désormais les marques à plus de clarté et d’innovation. Les enseignes telles que Leclerc savent que la demande de transparence est croissante, voire non négociable pour une tranche de la population soucieuse de sa santé. Résultat : certaines formules évoluent, les gammes se diversifient, mais le marché oscille sans cesse entre vrai progrès et simple « greenwashing ».
Pour choisir sans se tromper, quelques conseils simples : privilégier les produits avec une composition courte (moins d’ingrédients, souvent c’est mieux), repérer les sigles des labels bio certifiés, tester sur une petite zone en cas de doute, et alterner les références pour limiter les expositions. Pourquoi ne pas, cet automne 2025, faire le tri dans sa trousse beauté et oser demander aux conseillers et conseillères en rayon des explications sur tel ou tel composant ?
En attendant que l’industrie évolue davantage, faire preuve de curiosité reste le meilleur réflexe.
Finalement, acheter un soin visage, une coloration capillaire ou même un simple gel douche « naturel » chez Leclerc n’est pas forcément synonyme de mauvais choix. Mais un emballage verdoyant ne fait pas tout : lisez les étiquettes, questionnez la marque, et surtout, restez exigeant.e avec ce que vous appliquez sur votre peau.
Car si la tendance « clean beauty » a de beaux jours devant elle, c’est à chacun, au quotidien, d’affûter son regard et de préférer l’authenticité à l’effet d’annonce. En cette rentrée automnale, pourquoi ne pas prendre le temps de revoir sa routine beauté, pour privilégier des gestes et des choix véritablement bénéfiques pour soi et l’environnement ?

