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Les bijoux au fil des époques : de la Préhistoire aux temps modernes

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© CarlosAndreSantos/istock

De tout temps, le bijou est un accessoire que l’on adore porter. Lumineux et élégant, il est la touche féminine par excellence bien que celui-ci puisse également être porté par les hommes. Du pendentif, aux boucles d’oreilles en perles , en passant par la bague art déco, il existe une multitude de bijoux aux inspirations et aux matériaux divers.  

Suivant les époques et les cultures, les bijoux sont portés avec une symbolique particulière ou peuvent être simplement décoratifs. La joaillerie est un art qui met en valeur les pierres, les perles et les métaux précieux. La transformation de ces matériaux est le plus souvent associée aux bijoux et aux joyaux. Véritables œuvres d’art, les parures sont fabriquées dans des ateliers et travaillées avec la plus grande précision. Pour autant, la joaillerie ne s’est pas faite du jour au lendemain : cet art précieux est le fruit d’une histoire riche et complexe.

La préhistoire

À la préhistoire, les premiers ornements corporels étaient des coquillages percés, des ossements, des dents, du bois ou encore de l’ivoire. Ces parures étaient fabriquées non pas pour leur utilité, mais bien pour ce qu’elles représentaient et par définition, ce qu’elles communiquaient. Selon une étude du CNRS et de nombreux autres organismes, la plus ancienne datation d’ornements préhistoriens remonterait à –  82 000 ans. Il s’agit des coquillages de la Grotte de Pigeons, au Maroc.

L’antiquité (romaine, grecque, étrusque)

L’antiquité est une époque riche en découvertes pour l’orfèvrerie. C’est notamment à cette période que l’Homme a découvert l’or, un métal précieux, malléable et qui ne s’oxyde pas. On utilise également l’argent, le bronze et des pierres précieuses telles que l’émeraude, le grenat ou l’améthyste. Mais ces ornements coûtent cher et le peuple utilise davantage la faïence ou la pâte de verre pour imiter les pierres. De nouvelles techniques se développent telles que la granulation (minuscules granules d’or soudées) ou les filigranes (fils d’or ou d’argent entrelacés puis soudés sur une pièce de métal) chez les Étrusques.

L’Égypte

L’Égypte antique est une civilisation fascinante à bien des égards. C’est ainsi que les pyramides, les hiéroglyphes, la religion et la politique de cette période sont encore étudiés par le monde moderne. Du côté de l’orfèvrerie, les bijoux étaient réalisés avec une finesse admirable. À cette époque, le bijou que l’on porte représente une classe sociale et une protection pour les morts comme pour les vivants. Les hommes, femmes et enfants sont parés de bijoux aux motifs mythologiques ou animaux.

La gravure réalisée sur l’objet apporte une nouvelle dimension. Parmi les plus connues, on retrouve le scarabée (symbole de vie et de résurrection), Osiris (symbole de souveraineté) ou encore le cœur (symbole de la pensée et de l’esprit) et bien d’autres.

Du côté des matériaux utilisés, on trouve de l’électrum, un alliage d’or et d’argent que l’on trouve à l’état naturel, de l’or, du lapis-lazuli, de la coralline, de la turquoise, de l’argent, du bronze, de la faïence… Le commerce permet également d’importer de nombreux matériaux comme l’argent qui provenait du Proche-Orient.

Pour ce qui est des techniques, on reprend le filigrane et la granulation ainsi que la technique du cloisonné (« décors de pierres ou d’émaux montés dans des cloisons de métal formant des bâtes »)

On retrouvera dans la tombe de Toutankhamon des sauts, des manchettes, des amulettes, des pectoraux utilisés comme ornement pour le buste, de nombreux colliers, des bijoux d’oreille… Le monde de la joaillerie s’inspire encore aujourd’hui des parures de l’Égypte antique !

bijoux anciens tableau gravure
©Eitan Ricon Editions/iStock

Les Romains

C’est au fil des conquêtes que Rome se nourrit de diverses techniques d’orfèvrerie. Largement inspiré des Étrusques, l’art de la joaillerie chez les Romains reprend la granulation ainsi que le filigrane. Les inspirations et les modes sont nombreuses : par exemple, du IIIe au IVe siècle, la mode est aux bijoux syriens. On s’orne alors de colliers imposants, de cylindres d’or et de perles. Les Romains utilisent de nombreux matériaux issus du commerce et affectionnent particulièrement les perles naturelles telles que les émeraudes d’Égypte, l’onyx ou les jaspes de Perse, mais la pierre que l’on retrouve le plus est l’ambre.

Peu à peu, les artisans romains se perfectionnent et deviennent de véritables virtuoses de l’orfèvrerie. Ainsi se développent de nouvelles techniques comme la glyptique (gravure sur pierre ou pâte de verre) notamment pour la réalisation de camées, largement utilisés pour diffuser l’image de l’empereur. On voit également apparaître l’opus interrasile (décor ajouré comme de la dentelle), mais aussi la fonte, la gravure, l’estampage… Outre les matériaux utilisés, la finesse du travail de l’orfèvre devient un véritable synonyme de statut social.

Les symboles que l’on retrouve le plus souvent sont le serpent enroulé (bracelets de femme) symbolisant l’immortalité, l’aigle pour la puissance et la gloire, le poisson symbolisant la fertilité et l’abondance ou encore le nœud d’Héraclès incarnant une amulette protectrice.

Les Grecs

Dans la Grèce antique, la virtuosité des artistes est exceptionnelle et témoigne d’un véritable travail de précision et de finesse. On travaille principalement l’or, le grenat, l’émeraude, le bronze et l’émail. Représentants pour la plupart les mythologies, les bijoux communiquent pour beaucoup la victoire et la puissance. De somptueuses couronnes décorées de feuilles de chêne en or démontrent la puissance de cette civilisation qui reste aujourd’hui encore une source d’inspiration pour les joailliers.

Parmi les motifs que l’on retrouve le plus souvent, la rosace, la palmette, le nœud d’Héraclès ou les figures ailées sont inspirées de la nature, des mythologies ou de l’architecture de l’époque.

Moyen-âge occidental

La religion prend une place importante dans l’art de l’orfèvrerie. On travaille principalement l’or ainsi que les pierres et le verre coloré avec la technique du cloisonné. Le christianisme apporte avec lui l’art religieux. Les bijoux caractéristiques de cette époque sont la fibule (ancêtre de l’épingle de sûreté), le mors de chape (sorte d’agrafe composée de deux plaques fixées sur les bords de la chape qui les mord et les retient), la bague à édicule ainsi que le pomander, un bijou de senteur. L’art de l’émail se démarque et s’impose comme art à part entière. La couleur prend également une grande place dans l’orfèvrerie du Moyen-âge.

La renaissance

À cette époque de grandes découvertes et de nouvelles voies maritimes permettent à l’orfèvrerie de travailler de nouvelles matières. Les pierres précieuses et l’or affluent par caravelles des quatre coins du monde et sont exposés dans des cabinets de curiosité, collectionnés et brodés sur des robes. Le roi François Ier fait appel aux artistes italiens, pionniers de la renaissance dont fait partie Léonard de Vinci, qui dessinera même un masque pour faciliter la pêche des perles.

Grâce à l’invention de l’imprimerie, les gravures et les dessins sont diffusés à grande échelle. On voit alors un style international apparaître et Léonard de Vinci devient un orfèvre dont on murmure le nom dans toute l’Europe.

À cette époque, le bijou est associé aux vêtements comme les broches, les bijoux de chapeau, les bijoux de cheveux ou encore les diadèmes et les rubans de perles. De nombreux portraits montrent également l’apparition de nouveaux bijoux tels que les parures faites de jazerans (bijou de poitrine) et touret (bijou de tête). Les camées sont monnaie courante et les bijoux de pouvoir, comme la toison d’or, permettent d’asseoir sa puissance aux yeux des autres.

Les temps modernes

C’est au XVIIe siècle que de nouvelles techniques apparaissent, permettant de révéler l’éclat des pierres et des diamants. Les montures sont également allégées, l’art de la joaillerie est né. Le Roi-Soleil, le siècle des Lumières et la prospérité apportent avec eux de nouvelles techniques, des motifs de toute sorte et l’invention du strass ouvrent les portes de la joaillerie à toutes les classes sociales. 

Petit à petit, des techniques oubliées refont surface. Les camées sont intégrés aux parures, les palmettes grecques sont mises au goût du jour. La royauté de l’époque apporte richesse et une grande technicité dans le travail de l’or. À la fin du XIXe siècle, les bijoux de deuil sont très présents et l’émail cloisonné refait surface.

L’art nouveau

De la fin du XIX siècle au début du XXe siècle, un nouvel art moderne et libre apparaît. La faune et la flore sont largement représentées avec des formes organiques ainsi que la féminité à travers des courbes et des entrelacs. On accorde une grande importance à la couleur à travers l’émail et l’or. À cette époque, la valeur des bijoux importe moins que la beauté et l’harmonie que celui-ci apporte. Véritable œuvre d’art, on remplace les matériaux nobles par la tourmaline, la pierre de lune ou encore l’aigue-marine.

René Lalique, joaillier renommé de l’époque sera à l’origine de nombreuses innovations en utilisant des matières telles que la corne, le verre, le cuire ou la nacre. Il acquiert une réputation internationale en participant à l’exposition universelle de 1900 à Paris. Par la suite, il se décide de se reconvertir dans l’art nouveau en 1920 et produit des objets en série. Vases, flacons de parfum, chandeliers, René Lalique ouvre la voie de l’industrialisation des objets d’art.

L’art déco

À la fin de la Première Guerre mondiale, une volonté de renouveau s’installe. Les inspirations de ce mouvement se font avec l’émergence d’un nouveau mode de vie et les innovations industrielles. Même si les formes organiques subsistent, l’art déco simplifie les formes et s’inspire directement du cubisme avec des formes géométriques et des matériaux plus fins et légers. La platine, l’onyx, le lapis-lazuli, l’or ou encore l’émail et le diamant sont beaucoup utilisés. L’art déco signe également l’apparition de nouvelles matières en orfèvrerie comme la bakélite (premier plastique synthétique). Les joailliers se veulent plus accessibles et n’hésitent pas à se servir des alliages industriels en passant par des assemblages de pierres opaques et transparentes.  Broches, colliers et bagues sont caractérisés par l’élégance et la sobriété qui en fait des bijoux intemporels.

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©Eitan Ricon Editions/iStock