Chacun, à un moment donné dans sa vie, peut ressentir de l’amour pour deux personnes en même temps. Mille et une questions surgissent alors de notre esprit torturé : est-ce normal quand on croit à la fidélité ? Est-ce qu’il faut tout révéler aux deux personnes ? Comment leur avouer ? Mais avant tout, est-ce vraiment de l’amour ? Les sentiments pour l’un et l’autre sont-ils ressentis avec la même intensité ?
Amour passionnel VS Amour durable et confortable
La plupart des gens affirmant aimer deux personnes en même temps sont généralement en couple depuis un certain temps. Puis la lassitude peut les mener à s’ouvrir à une autre personne, avec qui l’histoire est vécue en parallèle. Ils peuvent aussi être célibataires et hésiter entre deux personnes pour s’engager. En couple, cet amour plus récent est souvent plus passionnel que celui dans lequel la personne est ancrée, tout en affirmant aimer et avoir besoin des deux.
D’après la psychanalyse, il s’agirait d’un côté de compter sur un amour sécuritaire et tendre, et d’un autre de jouir d’un amour plus passionnel et déchaîné. Quand nous aimons deux personnes, l’amant, de passage ou non, apporte l’intensité, tandis que le compagnon apporte la sécurité et l’attachement durable. Sigmund Freud a dit, dans La Vie sexuelle :
Nous pouvons ressentir de l’amour pour deux êtres, mais le désir amoureux n’est dirigé que vers l’un d’entre eux.
Un double besoin
Selon la psychanalyse, les raisons qui poussent une personne à s’engager dans une double vie amoureuse peuvent être bien différentes :
- le besoin, chez les femmes, de nouer sexe et interdit.
- le besoin, chez les hommes, de faire la part des choses entre la maman et la maîtresse, ou l’incapacité de lier tendresse et sensualité.
D’après les psychanalystes, nous mènerions une double vie amoureuse quand une brèche s’est ouverte dans un couple déjà constitué. Lorsque l’amour s’use et qu’une distance se créée entre les partenaires, un espace peut s’ouvrir plus facilement sur une histoire d’un soir ou plus sérieuse, passionnelle, d’amour et/ou durable.
Dans d’autres cas, nous avons la capacité d’aimer deux personnes parce que nous avons grandi, changé, évolué, et parce qu’une fois adultes, nous sommes débarrassés des interdits fixés pendant notre jeunesse.
Quelle différence entre amour et coup de foudre ?
En cas de coup de foudre, nous avons tendance à surestimer l’autre, à lui trouver toutes les qualités. Mais cette personne devient une illusion de ce que l’on aimerait qu’elle soit. Progressivement, la réalité de l’autre surgit. Alors, soit la distance est trop grande avec notre fantasme, et l’histoire se termine, soit un sentiment amoureux naît.
Un désir pour deux amours
Selon les spécialistes, même si nous avons l’impression d’aimer deux êtres, nous n’en désirons qu’un seul réellement, ce qui ne nous empêche pas d’avoir des relations sexuelles consenties avec les deux. L’autre, le second, l’amant, est souvent celui avec lequel les relations charnelles sont les plus intenses et primitives. Le psychanalyste Paul-Laurent Assoun écrit dans son livre :
Lorsque deux personnes sont aimées, en général, l’une est plutôt du côté de la jouissance, donc de la satisfaction et l’autre du désir, c’est-à-dire du manque.
Ce clivage ne concernerait pas que les couples installés mais aussi les célibataires qui hésitent entre deux personnes pour s’engager dans une relation. D’après les thérapeutes, si la double vie se prolonge, des conflits de loyauté, des problèmes et des déchirements peuvent en découler, surtout lorsqu’on aime deux personnes tout en vivant avec l’une d’elles.
Qu’est-ce que l’amour, finalement ?
Selon le psychanalyste Patrick Lambouley, lorsque notre cœur balance entre deux personnes, il faut faire un choix :
L’amour n’obéit pas à une logique comptable. Il ne s’agit pas d’aller chercher chez l’un ce que l’autre n’a pas : à ma droite, la satisfaction de mes besoins ; à ma gauche, les fantasmes et l’idéal. L’amour ne consiste pas à remplir des vides en nous. Au contraire, il nous renvoie à nos interrogations personnelles. Il faut le concentrer, pas le diluer.
D’après un autre psychanalyste, Jacques-Alain Miller, l’amour se définirait comme une vérité :
On aime celui ou celle qui recèle la réponse […] à notre question : “Qui suis-je ?”. L’amour, c’est penser que l’autre va nous apprendre quelque chose sur nous-même, qu’il va nous révéler.
Avec Docteur Tamalou
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