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Cette habitude que l’on croit écologique… et qui ne l’est pourtant pas

Chaque matin, on pose son geste écologique en pensant bien faire : allumer la bouilloire pour une tisane, trier soigneusement les emballages du petit-déjeuner, composter le marc de café… Mais y a-t-il, parmi nos réflexes, une habitude que tout le monde juge exemplaire et qui, pourtant, cache un revers bien moins vert ? Les chiffres risquent de vous surprendre… et peut-être de bouleverser vos rituels, surtout à l’heure où l’automne s’installe et où le cocon maison reprend ses droits.

Le piège de l’habitude écologique : quand la routine trompe notre conscience

Adopter des gestes « bons pour la planète » est presque devenu un sport national en France. Dès le réveil, chacun a ses petites manies vertes, parfois empruntées à ses voisins, parfois héritées de campagnes de sensibilisation. Qui n’a jamais rincé les pots de yaourt avec méticulosité avant de les déposer dans le bac jaune ou entretenu son compost malgré la grisaille d’octobre ? L’intention est, sans conteste, louable. Mais il arrive qu’au fil du temps, ces actions deviennent des automatismes, perdant tout questionnement quant à leur véritable efficacité environnementale.

Le phénomène s’accentue avec l’effet de groupe : difficile de déroger à l’exemple du voisinage ou de décevoir les enfants qui veillent au grain. Pourtant, derrière la valorisation du « bon écocitoyen », se dissimule parfois un manque de prise de recul. Bienveillance et routine tissent une toile confortable… qui manque de lucidité sur l’impact réel de certains gestes.

Les chiffres qui s’opposent aux idées reçues

Chaque année, des millions de Français jettent leurs déchets dans la poubelle de tri – et ce, souvent machinalement. La star du bac jaune reste la bouteille en plastique. Mais ce que l’on ne dit pas à voix haute, c’est que seulement une partie infime de ce plastique est vraiment recyclée. En 2024, à peine 25 % des déchets plastiques ménagers ont pris le chemin d’une seconde vie. Le reste ? Direction les décharges, ou pire encore, l’incinérateur, produisant ainsi gaz toxiques et pollution invisible.

Autre habitude plébiscitée à l’approche de l’hiver : faire fonctionner les appareils électroménagers en heure creuse, parfois à moitié pleins, dans un but affiché d’économie d’énergie. Les chiffres révèlent cependant que cette « bonne pratique » est loin d’être idéale. Un lave-vaisselle utilisé à demi-rempli consomme autant d’eau et d’électricité que lorsqu’il est plein… voire davantage si cette routine se multiplie dans la semaine. Le fameux « geste vert » devient alors un vrai gouffre énergétique.

Recyclage, compost, économies d’eau : fausses promesses ou vraies solutions ?

Derrière chaque habitude valorisée, le revers de la médaille surgit. Le compostage en HLM, par exemple, reste compliqué hors des grandes villes équipées. Beaucoup de déchets biologiques partent encore à l’incinérateur, tandis que les Français, soucieux de bien faire, y mettent tout et n’importe quoi : agrumes entiers, sacs dits « compostables » (qui ne se dégradent pas à basse température), et même les filtres à café encore imbibés de liquide. Résultat ? Le compost finit trop humide, attire les nuisibles et ne retourne pas à la terre comme il se doit.

Côté économie d’eau, le réflexe de couper la douche en se savonnant semble vertueux. Mais si, chaque matin, on traîne dans la salle de bains à cause de ce cycle interrompu, le gain s’évapore. De même pour ces multiples rinçages : ils consomment plus qu’ils n’économisent. Au final, des litres gaspillés à force de vouloir « optimiser » chaque goutte.

Et si agir moins, c’était agir mieux ?

C’est le fameux effet rebond : vouloir trop bien faire peut générer des comportements paradoxaux. Croire que le recyclage règle tout déculpabilise… et maintient la consommation au sommet. « Pourquoi limiter les bouteilles en plastique ? Après tout, elles finiront en baskets neuves ou en banc d’école ! » Grave erreur : la majorité de ces plastiques ne connaîtra jamais de seconde vie. La sobriété, la vraie, commence avant le tri, dans l’acte même d’achat et de consommation.

Le plus grand service à rendre à la planète, finalement, consiste à réduire à la source. Refuser deux dépliants publicitaires dans la boîte aux lettres, éviter d’acheter des fruits emballés dans du plastique… C’est dans la simplicité du geste, pas dans sa multiplication, que se cache le réel impact écologique.

Les alternatives qui changent la donne

Changer d’angle, c’est aussi s’inspirer de solutions sobres, validées (et non « magiques »). Par exemple, préférer le vrac pour les produits secs, adopter les gourdes réutilisables – et ne pas céder aux sirènes du jetable, même « compostable » en apparence.

On mise également sur des gestes qui, sans être spectaculaires, additionnés les uns aux autres, produisent un gros impact. Remplacer les éponges jetables par un tawashi fait-maison, cuisiner les restes du frigo au lieu de jeter, ou encore, transformer un surplus de légumes d’automne en un délicieux plat partagé, voilà des pistes concrètes pour prendre soin de la planète tout en se régalant.

Pour illustrer l’automne 2025, place à une recette de saison : le gratin de courge et pois chiches à l’automne, 100 % végétalien, simple comme bonjour et anti-gaspi.

Gratin de courge et pois chiches — La recette facile et durable

Ingrédients :

  • 800 g de courge (butternut ou potimarron)
  • 200 g de pois chiches cuits
  • 1 oignon jaune
  • 2 gousses d’ail
  • 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
  • 150 ml de crème végétale
  • 1 pincée de noix de muscade
  • Sel, poivre
  • 30 g de chapelure ou pain rassis mixé

Préparation :

Peler la courge et la couper en dés. Émincer l’oignon et l’ail. Faire revenir l’oignon dans l’huile d’olive, ajouter l’ail puis la courge, et cuire 10 min à feu doux en remuant. Incorporer les pois chiches, la muscade, le sel, le poivre et la crème végétale. Verser dans un plat, couvrir de chapelure. Dorer au four à 180°C pendant 25 min. Le bon goût réconfortant, sans compromis pour la planète ! Ce plat est par ailleurs parfait pour terminer les légumes tristes oubliés au fond du panier ou une boîte de pois chiches entamée.

Vers de nouvelles habitudes : s’informer pour ne plus se tromper

La clé, c’est de savoir séparer le vrai du faux. Distinguer les petits gestes efficaces des symboles sans lendemain. Comment ? En gardant un œil critique, en se posant les bonnes questions : ce geste réduit-il durablement des déchets, de la consommation, ou compense-t-il simplement une habitude nocive ?

Cette vigilance évite de tomber dans le piège du greenwashing quotidien. Les slogans aguicheurs et logos « verts » pullulent sur les rayons à l’approche de la Toussaint et de l’hiver, mais ils ne doivent pas remplacer la réflexion. S’informer, comparer, et ajuster sa pratique, voilà ce qui, au quotidien, fait vraiment la différence. Se montrer exigeant dans ses choix, c’est déjà refuser l’illusion collective.

Changer ses habitudes, c’est accepter que l’on s’est parfois trompé… et surtout se donner la chance de corriger le tir. De quoi aborder la saison froide l’esprit plus léger, et la conscience un peu plus alignée avec ses valeurs réelles.

Finalement, la vraie habitude écologique n’est pas celle que tout le monde croit : c’est de remettre ses gestes en question, de s’informer, et d’agir avec sincérité, sans céder à la facilité du réflexe. La planète (et les générations futures) ne s’en porteront que mieux.