Selon les dires des magazines féminins, la pilosité est au centre des intérêts de la femme moderne. Mais saviez-vous qu’on s’épilait déjà au Moyen-Âge ? Voici un petit résumé de l’histoire de vos poils, ces bulbes controversés. Alors, à arracher ou à laisser ? Découvrez quelques faits de société sur l’épilation qui ont de quoi faire jaser…
L’épilation, un phénomène de société qui ne date pas d’hier
Vous pensiez que les crèmes dépilatoires, les rasoirs et la cire en tout genre sont des lubies du monde moderne ? Détrompez-vous, l’épilation remonterait au Moyen-Âge ! Certes ces outils d’arrachage n’étaient pas aussi perfectionnés, mais on utilisait tout de même du sang de chauve-souris ou de la chaux et du piment pour venir à bout de ses poils… Ovide, poète de la Grèce antique, déclare :
Un bouc farouche ne devrait pas loger sous vos aisselles et vos jambes ne devraient pas être hérissées de poils rudes.
Une affirmation discutable qui influencera pourtant l’occident médiéval, qui hérite de cette vision de la pilosité féminine. Au Moyen-Âge, plusieurs traités évoquent l’épilation même si elle reste envisagée par l’église comme une pratique plus ou moins condamnable. Pourquoi ? Parce qu’elle modifie le corps des femmes. Arracher ses poils irait contre la volonté de Dieu, qui les a voulues ainsi. Mais l’épilation n’est pas la seule critiquée : le tatouage et le maquillage, qui ne datent pas non plus de notre ère, sont tout aussi condamnables…
Le poil comme symbole de force et de virilité
Chez les hommes du Mérovingien, le poil est synonyme de force, de virilité et de fertilité. Certains rois et seigneurs de l’époque auraient même été jusqu’à l’intégrer dans leurs sceaux ! Le poil est aussi le symbole de l’âge adulte : un garçon devient un homme quand il se rase pour la première fois. Avoir des poils, c’est être un homme. Et être une femme par conséquent, c’est ne pas en avoir… Les pratiques d’épilation contemporaines se construisent alors progressivement sur cette idée. Toutefois, il faut écarter les généralités : au 11e et 12e siècle par exemple, la mode chez les seigneurs est d’être rasé de près. Puis au 14e siècle, la barbe revient en force.
Du sang de chauve-souris, de la chaux et du piment comme crèmes dépilatoires
L’épilation nous viendrait de l’Orient, du Monde arabe plus exactement. C’est en tout cas ce que confirment les textes d’Henri de Mondeville, célèbre médecin du 14e siècle. Celui-ci mentionne plusieurs méthodes dépilatoires : à l’aide d’une pince ou de petits ciseaux, ou encore en appliquant des potions douteuses sur ses jambes. Certaines d’entre elles auraient été élaborées à partir de sang de chauve-souris ou de chaux vive mélangée à du piment (une recette que l’on doit au médecin persan Avicenne : 980-1037). Un mélange explosif qui n’est pas à l’abri de provoquer des irritations…
L’épilation, un symbole de domination masculine sur le corps des femmes
Toujours selon Henri de Mondeville, « pour être agréables aux hommes, les femmes s’enlèvent elles-mêmes les poils de leurs parties intimes ». Une révélation qui laisse songeuse… et remontée, aussi ! La femme de l’époque n’avait pas le droit à l’erreur : elle devait être douce, physiquement comme moralement. L’épilation serait alors le grand symbole de la domination masculine sur le corps des femmes. Une domination d’autant plus efficace qu’elle est indirecte : ce sont les femmes qui s’épilent elles-mêmes sans que personne ne les y contraigne. Le cas contraire, elles doivent subir la pression sociale d’une société plutôt portée sur l’épilation intégrale…
Refuser de s’épiler, un puissant symbole d’émancipation
On en a entendu des vertes et des pas mûres tout au long de cet article ! Que les femmes ne s’épilaient que pour le bon plaisir des hommes, que les hommes les contrôlaient indirectement par leur pilosité… Pourtant, nombreuses sont celles d’entre nous qui avouent aujourd’hui s’épiler non pas pour les autres, mais pour elles-mêmes. À l’inverse, de plus en plus de témoignages de femmes affluent en faveur de la toison, que ce soit sur les jambes, les aisselles ou le maillot. Refuser de faire de son corps un objet construit par le désir masculin, en somme.
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