La rédaction d’Encelade Media Group a reçu un document concernant une découverte de chercheurs français en oncologie (étude et traitement du cancer). Il s’agit d’un nouveau test de dépistage qui permet de détecter plusieurs types de cancers à un stade très précoce : « cancer READ Lab ». Quel impact pourrait avoir la démocratisation de ce test ? Qui en est à l’origine ?
Avec le soutien et l’aide de son équipe, Dominique Joubert Floch a mis au point le test cancerREAD Lab (ex-projet DecodeLab), capable de détecter de nombreux cancers (15 tests à ce jour). Cela pourrait bien marquer une étape importante de la lutte contre le cancer.
Cancer READ Lab : un test capable de détecter le cancer au plus tôt
pourrait faire un test chez son médecin traitant. Si ce test était remboursé entièrement par la Sécurité Sociale ne serait-ce qu’une fois tous les 2 ans à partir de 40 ans par exemple, quand le cancer en est à son stade précoce, imaginez les progrès économiques, mais aussi physiques et moraux !
Si nous pouvions détecter tous les types de cancers de manière plus fiable et à un stade plus précoce, (stade 0 ou 1), le cancer n’aura pas encore eu le temps de se propager, plus facile à traiter et éliminer.
Moins de chimiothérapie, de médicaments, de souffrances, le taux de survie et l’espérance de vie de chacun s’en trouveraient nettement améliorés. Les traitements s’avèreraient aussi moins longs et plus efficaces, car pris en charge plus tôt.
La découverte d’un nouveau biomarqueur
C’est la découverte d’un nouveau biomarqueur produit par les cellules cancéreuses qui a permis d’inventer ce nouveau test. À terme celui-ci pourrait détecter précocement la plupart des cancers. Inévitablement, cela aurait pour conséquence une baisse du coût du traitement du cancer au niveau mondial. Espérons donc que nos chercheurs ne subissent pas trop de pression des grands lobbies pharmaceutiques mondiaux !
C’est la société ECS-Screening qui développe et commercialise le test cancerREAD Lab. Ce test permet de doser la progastrine dans le sang. La prograstine, c’est ce fameux biomarqueur qui signale la présence ou l’absence de cellules cancéreuses.
Ce que le dépistage plus précoce peut changer
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le cancer est responsable de près d’un décès sur 6 dans le monde. Plus de 14 millions de personnes développeraient un cancer chaque année, et ce chiffre devrait même dépasser les 21 millions d’ici 2030.
Dans ce contexte, un dépistage précoce du cancer s’avère ainsi très important, car il permet de réduire ses conséquences financières. En effet, le traitement est moins onéreux et moins lourd au début de la maladie. Les personnes touchées par le cancer et détectées aux stades précoces pouvant reprendre rapidement leur travail et subvenir aux besoins de leur famille si elles accèdent à un traitement efficace.
Des économies sanitaires en prévision
En 2010, le coût annuel du cancer (dépenses de santé & perte de productivité) s’évalue à 1160 milliards de dollars. L’objectif de l’OMS vise alors à inciter les gouvernements à mettre en place des stratégies pour améliorer la précocité du diagnostic, moyennant un coût modique. Quand un cancer est détecté plus tôt, le traitement est généralement plus efficace, ainsi moins complexe et moins onéreux.
Des études menées dans des pays à revenu élevé démontrent que les protocoles proposés aux malades diagnostiqués de façon précoce sont 2 à 4 fois moins coûteux que ceux proposés aux malades dont le cancer est plus avancé.
Dominique Joubert Floch : la chercheuse française qui porte cette révolution pour la médecine
Après des études de physique/chimie et d’informatique à l’université des Sciences de Rennes,Dominique Joubert Floch choisit la biologie, matière dans laquelle elle soutient une thèse en 1976. Elle rejoint alors le laboratoire de Jean Racadot à la Pitié-Salpétrière puis part 2 ans au Karolinska Institut de Stockholm en Suède (laboratoire Jan Ake Gustafsson). En 1978, elle rejoint l’équipe de Françoise Peillon. Le scientifique crée une unité de recherche Inserm, et obtient son poste de chercheur en mars 1981.
Un brillant parcours
Après avoir été professeure invitée à l’Université de Californie à San Francisco, la chercheuse quitte Paris pour Montpellier en 1991. C’est ainsi qu’elle rejoint le Centre CNRS Inserm de Pharmacologie Endocrinologie. Elle y crée, dans l’unité dirigée par Serge Jard, une équipe qui travaille sur l’analyse des voies de signalisation dans la cellule tumorale. Notamment sur une famille d’enzymes appelée Protéines Kinase C. Depuis, ce centre de recherche est devenu l’Institut de Génomique Fonctionnelle, et Dominique a créé un département d’Oncologie.
En 2007, avec le soutien de son mari Jean-François Floch, elle crée une entreprise de biotechnologie alors qu’elle est également directrice du département d’Oncologie. En 2011, elle quitte ce poste pour se consacrer au développement d’une nouvelle thérapie contre le cancer : un test de dépistage précoce.
Au cours de ses recherches avec son équipe, elle découvre que la progastrine est un biomarqueur du cancer. Cette substance peut ainsi aider à savoir si un individu est atteint du cancer ou non, via une analyse simple de son sang.
Quel est le lien entre progastrine et cancer ?
Quand une cellule passe de l’état normal à l’état tumoral, de nombreux mécanismes sont altérés. Notamment un qui est essentiel à la stabilisation du phénotype tumoral, quel que soit l’organe. C’est la voie de signalisation Wnt/beta-caténine-Tcf4. Cette voie de signalisation s’active toujours dans une cellule tumorale », explique Dominique Joubert Floch. Selon elle, »l’une des conséquences de cette activation est l’expression d’un ensemble de gènes qui codent des protéines impliquées par exemple dans la prolifération ou l’invasion. L’une de ces protéines est la progastrine. Mais on n’est pas dans l’estomac et la progastrine n’est pas maturée en gastrine (ou très peu). C’est donc sous sa forme de progastrine qu’elle est secrétée« .
Conséquences
Ceci a 2 conséquences :
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La progastrine se retrouve dans le sang et donc détectable,
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Elle exerce un rôle majeur sur la tumeur en tant que facteur de survie essentiel aux cellules souches tumorales.
D’après la chercheuse,« les cellules souches tumorales sont le véritable réacteur de la tumeur. Ce sont elles qui entre autres choses, sont à l’origine des métastases. Ainsi, grâce à son lien étroit avec la tumeur, la progastrine dans le sang permet de déceler les cellules tumorales. »
Le test de détection de la progastrine dans le sang, cancerREAD Lab, est l’un des deux outils issus de ces travaux. Le deuxième outil est un anticorps capable de neutraliser la progastrine et ses effets sur les cellules tumorales, dont les cellules souches tumorales. Cet anticorps pourrait devenir un outil idéal pour lutter contre le cancer.
Comment la chercheuse a-t-elle découvert que la progastrine est un biomarqueur du cancer ?
En 2008, la progastrine se dévoile uniquement par son lien étroit avec le cancer colorectal. La chercheuse réalise alors une expérience sur des plasmas. Les patients ayant un cancer autre que colorectal (sein, foie, ovaires, utérus…). C’est là que Dominique et son équipe ont démontré la présence de progastrine dans le sang de patients atteints d’un cancer autre que colorectal.
Et vous, connaissiez-vous le docteur Joubert Floch et sa découverte en matière de dépistage de cancer ? Partagez-nous votre avis en commentaire !