Ce vendredi 30 juin, la France perdait une de ses plus grandes figures républicaines. Simone Veil, 89 ans, a consacré une partie de sa vie à défendre les droits des femmes. À l’origine du droit à l’avortement, Simone Veil était aussi une femme au passé chargé. Retour sur l’histoire d’une figure féminine française.
Rescapée de la Shoah
Née le 13 juillet 1927, Simone Jacob grandit dans une famille juive non pratiquante. Son père architecte se retrouve dès 1940 privé de nombreux droits comme celui d’exercer son métier. La situation s’aggrave en 1943 avec l’arrivée des nazis sur la Côte d’Azur. Malgré cela, la jeune Simone obtient son baccalauréat en mars 1944.
Le 30 mars 1944, elle est arrêtée à Nice. Sa famille se fera arrêter plus tard dans la journée. Deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et une de ses sœurs sont envoyées à Drancy, puis dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Son père et son frère seront déportés en Lituanie, mais ne reviendront jamais. Simone Jacob a 16 ans, mais un détenu lui conseille de dire qu’elle en a 18 pour échapper aux chambres à gaz. Elle reçoit le matricule 78651 tatoué sur son bras (qu’elle gardera toute sa vie) et sera affectée aux travaux de prolongement de la rampe de débarquement.
Le 27 janvier 1945, soucieux de l’avancée des Soviétiques, les Allemands entament la « Marche de la mort » : 70 km de marche dans un grand froid. Sa mère succombera au typhus et sa sœur, atteinte elle aussi, y échappera de peu. Elles sont finalement libérées par les troupes britanniques le 15 avril 1945. À son retour en France, elle s’inscrit à la faculté de droit de Paris et à l’Institut d’études de Paris où elle rencontre son futur mari : Antoine Veil. Toute sa vie, elle œuvrera en faveur de la mémoire du génocide.
Femme politique
Après avoir obtenu sa licence de droit, Simone Veil décide de passer le concours de la magistrature. Elle occupera par la suite un poste de haut fonctionnaire dans l’administration pénitentiaire au ministère de la Justice. À cette époque-là, les femmes sont alors très peu nombreuses à travailler. Elle devient ensuite la première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF. En 1974, Jacques Chirac, alors Premier ministre sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, lui propose de devenir ministre de la Santé, proposition que Simone Veil accepte. Et ce ne sera pas de tout repos, puisque la première loi qu’elle doit proposer est celle de l’avortement.
Femme engagée
Il faut aller vite, proposer cette loi rapidement, les avortements clandestins se faisant de plus en plus nombreux et coûtant le vie à de nombreuses femmes qui se retrouvaient au mieux mutilées à vie.
Très rapidement, Simone Veil propose un texte qui lui vaudra les foudres des partis d’extrême droite et d’une partie de la droite parlementaire. Malgré de nombreuses menaces et insultes, Simone Veil n’abandonne pas et monte à la tribune de l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974 pour y prononcer un discours encore incontournable aujourd’hui. Le texte sera finalement voté et la loi entrera en vigueur le 17 janvier 1975.
Européenne convaincue
En 1979, après avoir été élue députée européenne, elle est à la tête de la première présidence du Parlement européen, et ce, jusqu’en 1982. Elle sera donc une témoin clé des débuts hasardeux de l’Union européenne et devra surtout faire face à la construction difficile d’une Europe encore divisée.
Simone Veil s’éloigne peu à peu de la politique, dès les années 1990 pour se consacrer au Conseil constitutionnel. De 2000 à 2007, elle préside la fondation pour la mémoire de la Shoah. Elle reçoit le 1er janvier 2009 la Légion d’Honneur. En 2010, un sondage IFOP la présente même comme « femme préférée des Français ».
Simone Veil occupe donc une place plus qu’importante dans l’Histoire de la France et a été à l’origine de nombreux changements plus que nécessaires. Elle restera une figure du féminisme et de la liberté.